2#LAVILLEQUIVEILLE
La nuit est plurielle : un temps festif, de travail, de repos, mais aussi parfois de souffrance, de vulnérabilité, de violence et d’angoisse, qui nécessite aussi une veille et une régulation.
La Ville doit veiller et protéger, garantir la sécurité, la tranquillité, la santé et l’accès aux soins pour ses administrés. Le développement de la ville et son attractivité demandent désormais plus de régulations.
104
2,213
342
faits de délinquance pour 1 000 habitants
La délinquance est en baisse régulière depuis 15 ans
Procès-verbaux
Plus d’incivilités dont 73 % pour usage d’alcool dans l’espace public
places d’hébergement d’urgence
75
+
%
de verbalisation pour tapage nocturne de particuliers entre 2015 et 2016
-
%
38
de verbalisation des tapages nocturnes liés aux commerces et débits de boissons entre 2014 et 2016
1# CONTEXTE(S)
1.1 SÉCURITÉ-TRANQUILLITÉ
Globalement, Bordeaux la nuit apparaît comme sûre, tranquille, rassurante, apaisée.
La délinquance constatée par les services de police est en baisse régulière depuis 15 ans, passant de 167 faits pour 1 000 habitants à 104.
Si la délinquance est en recul, les incivilités tendent à augmenter avec 2 213 procès verbaux :
Des problèmes qui se concentrent la nuit le jeudi, vendredi et samedi de septembre à juin, sur l’année universitaire, et nécessitent le déploiement de dispositifs de prévention et de réduction des risques, de présence humaine et de régulation (médiation/sanction). Les nuits d’été apparaissent plus tranquilles.
DEUX MOMENTS IDENTIFIÉS :
La première partie de la nuit, jusqu’à 2 heures, et la fermeture des bars avec la présence de la BPLI (Brigade de Prévention et de Lutte contre les Incivilités) pour assurer un travail de médiation, de prévention et de respect des arrêtés auprès des publics et des établissements.
La nuit de 2 heures à 6 heures avec :
DES DIFFICULTéS CONCENTRÉES SUR DES QUARTIERS DE NUIT (VICTOIRE, CENTRE-VILLE, PALUDATE, BAF, QUAIS) :
Des nuisances (sonores, déchets, débris) et des troubles à la tranquillité (dégradations, rixes) qui créent des tensions et des déséquilibres entre vie nocturne festive et tranquillité des riverains.
Des risques de victimisation (agressions, accidents de la route, chutes, noyades) et sur la santé (comas, addictions sur les moyen et long termes) pour les noctambules.
1.2 SANTÉ
La nuit est un temps festif, mais aussi d’expression de souffrances psychiques, avec des excès, notamment des jeunes, mais pas seulement.
Des équipes ELSA (Equipes de Liaison et de Soins en Addictologie) évaluent les consommations excessives qui conduisent à l’hôpital (occasionnelle, régulière) et identifient leur fréquence, repèrent des troubles psychiques et orientent vers le réseau spécialisé en addictologie (CJC – Consultations Jeunes Consommateurs, CSAPA – Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie).
Parallèlement, c’est un temps où chacun doit pouvoir trouver une aide facile et repérable. Bordeaux est doté d’un important réseau d’acteurs la nuit :
1.3 SOCIAL
LA NUIT DES PLUS VULNÉRABLES
Les villes attirent aussi les personnes les plus précaires et les plus vulnérables. Comme partout dans le monde, en ville la nuit, des personnes vivent dans la rue, tandis que d’autres, dont des jeunes, sont en errance, de passage, certains sont migrants. Il s’agit de personnes seules, parfois des couples ou des familles. Ils sont plus vulnérables en termes de santé physique et mentale, d’alimentation et d’hydratation, de logement, d’addictions et de violences.
DES éTABLISSEMENTS DE NUIT QUI SONT AUSSI DES VEILLEURS
Les lieux festifs de nuit sont des lieux de lien social face à la solitude, à la déprime et à la normalisation des modes de vie. Ils permettent de faire une rupture avec l’ordre du quotidien. Les établissements de nuit mettent en place des équipes de sécurité et de la vidéosurveillance. Ces lieux sont donc des repères, des phares dans la nuit en termes de sécurité, et sont appelés à devenir des acteurs de prévention et des relais de réduction des risques. En revanche, les risques apparaissent à l’extérieur des établissements, au retour, dans la rue, sur la route.
LE MAIRE ET LES éLUS DE LA VILLE SONT DE GARDE
Des astreintes de nuit sont organisées tout au long de l’année pour faire face à toutes les situations, aux incidents, parfois graves, pour rassurer et agir auprès des citoyens administrés (coordonner des moyens techniques municipaux, apporter une réponse à tous les services publics, assurer la protection des biens et des personnes).
1.4 TRANSPORTS
La maintenance du tram est assurée la nuit : des équipes de la Ville travaillent la nuit pour assurer la maintenance du réseau de tram (voies, wagons...).
Méline Engerbeaux - 13/08/2017
2# PRATIQUES
La Ville a mis en place la BPLI (Brigade de Prévention et de Lutte contre les Incivilités). Depuis 2013, des policiers municipaux effectuent une médiation pour réguler la vie nocturne, prévenir, mais aussi sanctionner jusqu’à 2 h du matin avec des effets : globalement, une baisse des plaintes des riverains vis-à-vis des établissements de nuit.
2.1 ÉVOLUTIONS 2014-2016
Incivilités des particuliers : en augmentation au Centre-Ville et à Bordeaux Sud, plus de prévention et de verbalisation.
INCIVILITÉS DES PARTICULIERS À BORDEAUX EN 2016
TYPE
NOMBRE
TAUX
LIEUX PRIVILÉGIÉS
CONSOMMATION D'ALCOOL DANS L'ESPACE PUBLIC
194
+ 17 %
Centre-Ville
Bordeaux Sud
URINE ET CRACHATS SUR LA VOIE PUBLIQUE
230
+ 17 %
Centre-Ville
Bordeaux Sud
PRÉVENTION DES TAPAGES
66
+ 57 %
Centre-Ville
Bordeaux Sud
VERBALISATION DES TAPAGES
122 (entre 2015 et 2016)
+ 75 %
Centre-Ville
Bordeaux Sud
De nombreuses agressions et des vols localisés ont notamment lieu sur Bordeaux Sud (Paludate) auprès de publics qui sortent des discothèques, sont alcoolisés et donc plus vulnérables entre 2 h et 6 h du matin.
Commerces, épiceries et débits de boissons : plus de prévention, de contrôle, de verbalisations, avec de réels effets.
PRÉVENTION, CONTRÔLES, VERBALISATION
DES COMMERCES, ÉPICERIES ET DÉBITS DE BOISSONS EN 2016
TYPE
NOMBRE
TAUX
LIEUX PRIVILÉGIÉS
CONTACTS ET CONTRÔLES
226
+ 35 %
Bordeaux Sud
Centre-Ville
VERBALISATION (tabac, affichage, terrasse...)
98
- 20 %
Bordeaux Sud en majorité
Centre-Ville
VENTE D'ALCOOL APRÈS 22 H
7
- 68 %
Centre-Ville
Bordeaux Sud en 2014
FERMETURES TARDIVES
24
- 22 %
Bordeaux Sud
Centre-Ville (un peu moins)
PRÉVENTION DES TAPAGES
41
+ 8 %
Bordeaux Sud
Centre-Ville
VERBALISATION DES TAPAGES
19
- 38 %
Bordeaux Sud
Centre-Ville
SUIVI DES PLAINTES ET SUIVI DES ARRÊTÉS
243
NA
Bordeaux Sud : 133
Centre-Ville : 52
Grand Parc-Chartrons : 25
Nansouty - Saint-Genèse : 15
MISES À DISPOSITION (vols, infractions à la législation sur les stupéfiants...)
94
+ 77 %
NA
2.2 LES ADMINISTRéS PEUVENT S’ADRESSER DIRECTEMENT à LA VILLE, LE JOUR ET LA NUIT
En 2008, la Ville a souhaité se rapprocher des citoyens autour de 8 quartiers avec des maires adjoints. Ils recueillent les plaintes et les problèmes liés au jour et à la nuit (tapages, incivilités, nuisances…) directement par mail mais aussi via les applications smartphones "Bordeaux proximité" et "Bordeaux en poche". Chaque situation est prise en compte et traitée en faisant appel aux différents services compétents.
LA HALTE 33, MAISON DE NUIT
Centre d’hébergement d’urgence avec 20 places chaque nuit, présence obligatoire à 20 h.
Au total, il y a 13 lieux dédiés à l’hébergement d’urgence à Bordeaux (Centres d’Accueil d’Urgence Trégey, Dupas, foyers, Samu social, CHRS – Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale, etc.) pour 342 places, 25 supplémentaires dans la cadre du plan hivernal, ainsi que 54 places en appartements d’urgence.
Un lien est désormais reconnu entre pathologies psychiatriques, addictions et vie dans la rue. Le Samu social arrête ses maraudes à 1 heure (un véhicule et trois personnes pour la Métropole).
Il existe une rupture dans l’accueil entre 1 h et 7 h du matin, sans lieu de passage dans la nuit pour les publics les plus précaires pour avoir un lien, se poser, se réchauffer, prendre un café, recevoir quelques soins, proposer de la Réduction des Risques et des orientations.
LE 115
Service d’écoute et d’urgence sociale gratuit ouvert 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 (numéro vert) pour informer et orienter les personnes en situation d’urgence sociale, en matière d’hébergement, d'accès aux soins, à l'hygiène et aux services sociaux, d’aide alimentaire. Les opérateurs du 115 peuvent également faire appel à des secours en cas d’urgence (pompiers, Samu).
Méline Engerbeaux - 13/08/2017
3# ACTIONS
• En 2017, la Ville prévoit la mise en place d’un Observatoire des hyperalcoolisations en partenariat avec l’hôpital.
• BPLI (Brigade de Prévention et de Lutte contre les Incivilités) : 4 agents en patrouille durant la première partie de la nuit, jusqu’à minuit et 1 h le samedi. Leur action s’adresse aussi aux publics les plus vulnérables.
• La Ville de Bordeaux soutient les lieux d’accueil et d’hébergement pour la nuit.
• Une convention de coordination Police municipale et Police nationale est reconduite en juillet 2017 entre la Ville de Bordeaux et la Préfecture de Gironde.
• La Ville a pris différents arrêtés pour réguler des usages nocturnes : consommation d’alcool en réunion dans l’espace public, ventes d’alcool, terrasses, niveau sonore…
• Hangover Café : un espace de repos mobile (truck aménagé) à proximité des lieux festifs pour accueillir les personnes vulnérables sous les effets de substances psychoactives. Il propose un moment de repos et de restauration, mais aussi de RdR, de 23 h à 7 h du matin le jeudi, vendredi et samedi. Positionné dans le quartier de la Victoire en début de nuit et sur les quais en fin de nuit (Bassins à flot, Paludate…). Action mise en œuvre par le CEID.
• TAF : Maraudes "Tendance Alternative Festive" pilotée par l’ANPAA 33. Jeunes en service civique et animateurs de prévention interviennent en prévention et réduction des risques sur les espaces publics festifs.
• Le centre de supervision de la vidéosurveillance urbaine de la Ville.
4# SWOT
FORCES
- La nuit, un nombre important de structures et d’acteurs
du social et de la santé
- Une brigade de la police pour réguler la vie nocturne, prévenir et sanctionner : la BPLI
- Une convention de coordination entre Police municipale et nationale
- Une proximité entre la Ville et les administrés qui peuvent faire remonter directement des problèmes liés à la nuit
- De grands projets urbains, de nouveaux quartiers
- Développement de la ville et des opportunités pour innover, renforcer la transversalité et la coordination des acteurs sur la nuit
- Manque d’un lieu d’accueil de passage pour les publics les plus vulnérables la nuit
- Manque d’une collecte et d’un traitement des données spécifiques à la nuit, entre les différents services, pour en faire un véritable outil d’aide à la décision
- Des faibles effectifs de Police municipale (25 policiers supplémentaires en cours de recrutement)
- Les effets du projet et du développement urbain qui nécessitent plus de veille, de régulations et de gestion des espace-temps
- Accroissement démographique
- Adapter l’accueil des publics migrants et des plus précaires
faiblesses
menaces
opportunités
5# RECOMMANDATIONS
#créer
Créer un outil de collecte et de traitement des données sur la nuit entre les différents services de la Ville, les mairies de quartier et les données qui remontent des applications "Bordeaux proximité" et "Bordeaux en poche" pour en faire un outil d’aide à la décision.
#expérimenter
Expérimenter le projet "Un chez soi d’abord" qui propose aux personnes qui vivent dans la rue, atteintes de pathologies psychiatriques ou d’addictions d’accéder à un logement autonome, avec un accompagnement dédié.
#soutenir
Soutenir l’expérimentation d’un bus d’accueil de nuit pour des publics de passage, en errance, précaires, vulnérables, pour se poser, prendre un café, se réchauffer, recevoir quelques soins, accéder à de la Réduction des Risques ou être orienté. Le bus devrait stationner à l’écart des zones résidentielles.
#concevoir
Concevoir un document synthétique qui regroupe les différents services (accueil, hébergement, santé, sécurité, etc.) de nuit. Ce travail serait l’occasion de rapprocher des acteurs pour une interconnaissance et une collaboration. Ce document, papier ou numérique (application smartphone) doit permettre à des agents de la Ville, mais aussi aux établissements de nuit, de trouver la bonne information et un contact valide lorsqu’ils font face à des situations le nécessitant. Chacun reste de veille, chacun a le rôle de vigie.
#accompagner
Réfléchir à une application qui permette à tous les publics, dans la nuit, de trouver un lieu refuge, sécurisé, ouvert, le plus proche, par géolocalisation.
#garantir
Garantir l’opérationnalité du process spécifique face à des actes terroristes, la nuit. Sensibiliser les acteurs de la nuit.
DIAGNOSTIC SUIVANT >
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